Tata au Congo

par | 10 mars 2023 | 8 Commentaires 

Déguisée en Macron, la France se balade en Afrique comme la dernière des putains

On lui tape sur les cuisses, on l’insulte et lui crache à la figure, mais on fini­ra bien, tout compte fait, par lui payer sa petite bière en boîte, avant de l’enfiler tran­quille­ment. Drôle de pros­ti­tuée qui, les fes­ti­vi­tés ter­mi­nées, fini­ra par dis­tri­buer une ribam­belle de chèques tous azi­muts. Que reste-t-il, après ça, de ces tri­bu­la­tions pré­si­den­tielles ? Une vidéo de trois minutes, en mode sel­fie, dans un rôle d’aventurier-savant qui man­quait encore à la pano­plie de notre camé­léon-pré­sident (illus­tra­tion ci-des­sus). À mi-che­min entre l’intrépidité du Nicolas Hulot des grandes heures d’Ushuaïa et l’érudition légen­daire du Jamy de C’est pas sor­cier, Emmanuel Macron nous explique toute l’importance — dans son lan­gage com­pre­nez l’utilité — de la forêt gabo­naise. Il y a des chèques, amis gabo­nais, qu’il n’est pas tou­jours bon d’encaisser. Avec Macron, le ridi­cule n’est jamais bien loin et accou­tu­més que nous sommes désor­mais à cela, cette vidéo impro­bable sera vite oubliée.

Macron bière Congo Kinshasa

Source : Jeune Afrique

C’est en effet un tout autre tré­sor que notre intré­pide pré­sident, pour sa plus grande gloire et sa pos­té­ri­té, est allé nous cueillir dans les bas-fonds de Kinshasa. Si dans la vidéo pré­cé­dente notre cher pré­sident demeu­rait encore confor­ta­ble­ment dis­si­mu­lé dans les limbes pro­tec­trices d’une com­mu­ni­ca­tion plus ou moins maî­tri­sée, le sel­fie noc­turne que nous avons désor­mais sous les yeux pos­sède, pour sa part, une véri­table valeur ico­nique. C’est toute la véri­té de notre camé­léon, sa nature pro­fonde et pour une fois sai­sie sans filtre, qui vient mer­veilleu­se­ment se cris­tal­li­ser dans cette image. On le retrouve blot­ti au milieu de deux vigou­reux com­pa­gnons, tout fre­lu­quet, sa petite che­mise blanche légè­re­ment frois­sée et lui col­lant humi­de­ment à la peau, ses che­veux décoif­fés par la sueur et le regard dans le vague, au loin, mi-dési­reux, mi-insou­ciant, la pupille par­fai­te­ment dila­tée, sa bière bien en main, éri­gée devant lui comme un sym­bole phal­lique pro­phé­ti­sant une fin de soi­rée endia­blée. Il y a un côté intem­po­rel lit­té­ra­le­ment bou­le­ver­sant dans ce cli­ché. Et il me semble même entre­voir, sous les traits relâ­chés de notre pré­sident, le faciès luci­fé­rien d’Édouard Louis(1), notre grand écri­vain-socio­logue-arc-en-ciel post-natio­nal, leurs deux visages reliés sur­na­tu­rel­le­ment ici par un pen­chant mutuel pour l’humiliation péni­tente lorsqu’elle est per­pé­trée par le grand Autre. Comme il y a une com­mu­nion des Saints au cœur de la foi catho­lique, il y a une com­mu­nion trou­blante des pécheurs dans notre moder­ni­té dépour­vue de Dieu, aurait dit le Grand d’Espagne.

Force est de recon­naître que c’est tou­jours dans la moi­teur exo­tique et la proxi­mi­té des corps basa­nés que notre pré­sident laisse tom­ber son armure, pour mieux renouer avec toute la can­deur de son émer­veille­ment. Macron AntillesS’il y avait à l’époque, chez la racaille de Saint-Martin, une cer­taine ani­mo­si­té, et au pas­sage un petit doigt d’honneur mal digé­ré, qui déno­tait mal avec la naï­ve­té enthou­siaste et l’excitation puce­line de notre jeune pré­sident, on res­sent ici une cer­taine forme de séré­ni­té l’envahir devant les larges sou­rires bien­veillants de ces nou­veaux com­plices. C’est un Macron à l’aube de sa pas­sion, en paix avec lui même et paro­di­que­ment chris­tique, endos­sant à lui seul tous les péchés de notre civi­li­sa­tion et prêt à rece­voir libre­ment dans son anus la com­pen­sa­tion de plu­sieurs siècles d’oppression de tout un continent.

Devant le déviant abso­lu qu’incarne à mer­veille notre pré­sident, les imbé­ciles auront tôt fait de s’esclaffer avec rai­son : « Ah ! Ça n’est pas le géné­ral qui nous aurait fait ça ! ». Notre bon Saint Louis non plus d’ailleurs, lui qui ne par­tait pas en Croisade pour trous­ser du mame­louk dans la cha­leur étouf­fante des bor­dels de Damas, mais bien pour libé­rer la Terre Sainte. Que vou­lez-vous, notre grand dadais de Colombey, pen­dant que les colo­nels Argoud et Bastien-Thiry crou­pissent dans le pur­ga­toire de l’amnésie volon­taire fran­çaise, est plus que jamais dans toutes les bouches. Et même si la sou­mis­sion, somme toute peu gaul­lienne, à l’OTAN et aux Américains semble for­mer aujourd’hui le cré­do indé­pas­sable de notre classe poli­tique, il n’en demeure pas moins une sorte de filia­tion incons­ciente de la lâche­té à tra­vers la cin­quième répu­blique, se trans­met­tant mira­cu­leu­se­ment de géné­ra­tion en géné­ra­tion chez nos élites. De Gaulle, aujourd’hui, appa­raît comme un géant à toute une engeance de lil­li­pu­tiens, tout comme Chirac l’apparaitra un jour, dans une cer­taine mesure, avec sa non-inter­ven­tion en Irak. Macron pas­se­ra-t-il à son tour pour un géant d’ici quelques décen­nies ? Toute l’effroyable logique des évé­ne­ments nous porte à y croire mal­gré l’incongruité pré­sente d’une telle assertion.

Car la France, hélas, c’est une agonie qui n’en finit pas

De Louis Boyard à Jordan Bardella, en pas­sant par Stanislas Rigault et Gabriel Attal, il y a d’ores et déjà sous nos yeux toute une jeune garde répu­bli­caine qui réa­lise le pro­dige de se mon­trer encore plus héroï­que­ment inculte que la pré­cé­dente. Sans papi Mélenchon, la NUPES n’est plus qu’une gar­de­rie qui part en sucette et Louis Boyard, son enfant gâté le plus tur­bu­lent. Si la France n’avait pas déjà Orelsan, on pour­rait dire, sans hési­ta­tion aucune, que son air abru­ti repré­sente l’incarnation la plus sin­cère de la bêtise contem­po­raine. Élu pour incar­ner la nation avec le quo­tient intel­lec­tuel de Benjamin Castaldi, citant Jul comme on citait jadis Robespierre, il n’en démontre pas moins la sur­vi­vance de notre ascen­seur social et des der­niers souffles démo­cra­tiques balayant encore notre pays. Marine Le Pen, de son côté, tente vai­ne­ment de conte­nir les bras par trop enthou­siastes de sa propre créa­ture, déci­dé­ment bien prompte à applau­dir le plus grand sal­tim­banque de l’histoire ukrai­nienne en spec­tacle au par­le­ment euro­péen. La bêtise de Bardella, pro­ba­ble­ment pas si feinte, nous per­met en tout cas d’envisager avec tou­jours plus de confiance l’éminence de sa future élec­tion à la tête du pays. Surdoué dans l’imitation, à défaut de l’être dans le cou­rage, ce der­nier, regar­dant de l’autre côté des Alpes, aura bien com­pris com­ment se faire inuti­le­ment élire dans le cadre d’une alter­nance tout à fait tolé­rable pour le Système. Enfin, si Éric Zemmour a per­du ses tes­ti­cules quelque part entre les mois de février et mars 2022, que peut-on dire de sa frêle grou­pie ? Le jeune eunuque aux faux airs de ven­deur de voi­tures élec­triques en aurait-il déjà por­té une paire ? Avec Stanislas Rigault, c’est toute une droite auto-label­li­sé « incor­recte », plus fami­lière des you­tu­beurs-dis­si­dents bran­chés aux mil­lions de vues sur le net que des écri­vains non-émas­cu­lés de la vieille droite mau­dite, qui s’emballe pour cette jeune garde soi-disant radi­cale et témé­raire. Pour ce qui est de Gabriel Attal, j’ai déjà suf­fi­sam­ment écor­né l’image de son idole au cours de cette chro­nique pour m’en prendre désor­mais à son ava­tar. Je m’en tien­drai donc là, vous lais­sant juger par vous-mêmes l’originalité et la viri­li­té de ses régu­lières inter­ven­tions télévisées.

Bernanos écri­vait, au mitan du siècle der­nier, que « nos héros sont des mili­taires ou des saints », et nous voyons bien ici que c’est avant tout un cer­tain type d’homme qui fait ter­ri­ble­ment défaut à la France actuelle, plus que jamais en inca­pa­ci­té d’en pro­duire. On ne fait pas un homme véri­ta­ble­ment debout, et encore moins un put­schiste digne de ce nom, avec des mil­lions de fol­lo­wers sur Tik-Tok, une trot­ti­nette élec­trique ou un compte Premium sur Youporn. Nos pseu­do-démo­cra­ties bour­geoises et homo­sexua­li­santes fini­ront bien un jour par l’apprendre à leur dépens. Et comme ce même Bernanos nous enjoi­gnit tout au long de sa vie à déployer l’intégralité de nos forces en faveur de la com­mu­nion des Saints(2), il nous faut, devant l’imbécillité de masse plus que jamais vic­to­rieuse, retrou­ver le goût du com­pa­gnon­nage imma­té­riel des âmes viriles et saines, bien cachées ici et là, dans les oubliettes de notre pas­sé intemporel.

Comme Bloy, j’attends les mili­ciens de Wagner et le Saint-Esprit. « Tout le reste n’est qu’ordure. »

Tom Benejam


(1) Édouard Louis [source Wikipédia]

Biographie d’Édouard Louis
Édouard Louis auf der Frankfurter Buchmesse 2017.jpg
Édouard Louis en 2017.
Naissance 30 octobre 1992 à Abbeville
Nom de naissance
Eddy Bellegueule
Nationalité
fran­çaise
Formation
Université de Picardie
École nor­male supé­rieure
École des hautes études en sciences sociales
Activités
Écrivain, édi­teur

(2) « Il y a une com­mu­nion des saints, il y a aus­si une com­mu­nion des pécheurs. Dans la haine que les pécheurs se portent les uns aux autres, dans le mépris, ils s’unissent, ils s’embrassent, ils s’agrègent, ils se confondent, ils ne seront plus un jour, aux yeux de l’Éternel, que ce lac de boue tou­jours gluant sur quoi passe et repasse vai­ne­ment l’immense marée de l’amour divin » in Journal d’un curé de cam­pagne de Bernanos

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Tom Benejam

8 Commentaires 

  1. La Prière de Frédéric Mistral « Notre Dame de Toute la France » : 

    « Ô Belle Vierge imma­cu­lée qui, emman­te­lée dans les astres, veilles sur notre monde et nos vaines agi­ta­tions ; ô douce Reine de la France qui d’un regard béa­ti­fique peux confondre l’en­fer et ses sar­casmes ; des mains indignes du félibre, reçois bien­veillante ce livre où les peuples de la France ont impri­mé leur foi. Sur chaque puy, sur chaque cime, notre nation très chré­tienne t’é­le­va des cha­pelles au ras des nues ; toutes les fleurs de ses mon­tagnes, de Provence à la Bretagne te bru­lèrent leur encens ; et tous ses oisillons te chantent les Sept Allégresses qu’à Bethléem tu leur appris quand tu ber­çais ton Fils enve­lop­pé de lumière. Il n’y a point de bourg qui, en émoi ne te consacre chaque année son mois de mai, ô femme triom­phante qui écra­sa le ser­pent ! Et point de reine sur le trône et point de prêtre dans son prêche, sur mer point de marin ou de pâtre au désert qui ne t’ap­pelle Notre-Dame ! Et l’u­ni­vers, d’âme et de cœur, Te prie age­nouillé et s’u­nit au concert. Mais si tu es, ô Bienheureuse, à Toulouse Notre-Dame la Daurade car l’or pur du soleil est effa­cé par toi ; si entre Avignon, Marseille et Vence, si tu es Notre-Dame de Provence car sainte Anne et sa tombe y appellent tes bien­faits ; sur la roche Corneille du Puy, tu es, ô Vierge aimée, Notre Dame de France, un nom que nous te fîmes ! Ta gloire croît de siècle en siècle, car ton sein vierge est un ciboire où mon Rédempteur s’in­carne pour moi ! Et tu es la mer­veille humaine car dans son sang et dans sa fille, Adam peut véné­rer la Mère de son Dieu ; tu es près de Dieu l’a­vo­cate qui défend l’homme et qui le couvre contre le cour­roux du ciel et ses foudres ven­ge­resses. De ta cou­ronne vir­gi­nale, hier enfin una­nime l’Église a vou­lu dévoi­ler le dia­mant le plus beau ; et le grand prêtre du Très-Haut ; celui qui tient l’an­neau de Pierre, a fait sur nos ténèbres res­plen­dir le flam­beau, te pro­cla­mant Immaculée comme la neige amon­ce­lée qui se fond en rivière au lever du soleil. Neige du Liban, neige éter­nelle où l’Idéal divin s’é­tait dit avant le temps de jeter son rayon ; neige pure, éblouis­sante, neige blanche qui, au contact de l’é­tin­celle illu­mi­na d’a­mour la terre et le ciel bleu ; neige plus que les lis brillante que l’ange, nous dit l’Évangile, de la part du Seigneur vint saluer ! Aujourd’hui les langues antiques de notre France, ô fleur mys­tique, veulent te saluer pour embau­mer leur fin : mères du peuple, humbles et crain­tives, mais avec foi et de bon cœur, avant que de mou­rir, elles viennent te deman­der le sau­ve­ment de cette France qui tant de fois rom­pit sa lance pour défendre les uns ou pour aider les autres. Les popu­laires par­le­ries de saint Elzéar, saint Hilaire, de saint Vincent de Paul, du pèle­rin saint Roch, les pauvres vieilles défaillantes que, dédai­gneux, le monde oublie, viennent te rendre grâce de t’être sur nos rocs mani­fes­tée à l’in­no­cence, lorsque tu la ravis dans l’é­clat de l’Extase, lui par­lant dou­ce­ment en notre langue d’oc. Louange à Toi, Mère du Verbe ! Tu abaisses ain­si les superbes, éle­vant les petits jusques à tes pieds blancs… Et sur les mon­tagnes bénies que tu t’es choi­sies pour autels, à la pointe des Alpes, au front des Pyrénées, aus­si­tôt pro­non­cés tes oracles, aus­si­tôt les miracles se montrent, et ta source aux malades mori­bonds rend la vie ! Arrière donc, science pro­fane, avec ta pré­somp­tion qui s’obs­tine à nier les pou­voirs du Maître tout-puis­­sant ; toi qui te vantes d’êtres à point pour maî­tri­ser la grande nature, arrière ! Au fond des cœurs une autre voix s’en­tend qui, sur­na­tu­relle, crie : « En bas, la science est défleu­rie ; en haut, au sein de Dieu, la science reste en fleurs ». Sainte Marie, éclaire-nous ! Que notre race ne s’en­té­nèbre pas dans les ivresses, la fumée et l’or­gueil de la matière ! Oui, déchire de ta splen­deur la nuit obs­cure qu’au­jourd’­hui sur le monde entier le mal répand ; avec ton Fils qui saigne encore sur ton giron, éblouis, ô Mère, tous les mal­fai­teurs qui sèment l’i­vraie. Ainsi soit-il. » 

    Frédéric Mistral (1830−1914)

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  2. Je n’ai même plus de mots pour expri­mer mon dégoût, ma souf­france et ma colère.
    Pour nous (mon mari et moi) qui avons connu une France res­pec­tée et admi­rée dans le monde.
    Quelle tris­tesse de voir cette déchéance (dans tous les domaines).

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  3. En voyant encore le com­por­te­ment du pré­sident (je ne mets pas de majus­cule, car il faut en être digne pour en mettre), j’ai honte d’être Français, honte que la France soit en per­di­tion par la faute d’ar­ri­vistes, d’in­com­pé­tents, de per­vers, de pro­fi­teurs, d’op­por­tu­nistes, de délin­quants en col blanc. Quand on voit des Chefs d’État comme Trump, Poutine, Orban, Chirac à ses débuts, Pompidou, Churchill, Eisenhower, Brandt, Thatcher.… on ne peut que pleu­rer en voyant les images du com­por­te­ment de Macron.
    Faut-il attendre encore des élec­tions pour que les choses changent ? Il n’y a pas d’op­po­sant digne de ce nom dans les par­tis, ni dans les médias pour orga­ni­ser une rébel­lion, voire une insur­rec­tion pour que la France revienne au pre­mier plan !

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    • Il y en a, mais les mer­dias les boy­cottent : ASSELINEAU, CHEMINADE, voire même cer­taines pro­po­si­tions du PRCF.

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  4. C’est le pro­ces­sus iné­luc­table de la pro­phé­tie du Maréchal JUIN en 1962 !

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  5. Je com­prends mieux hélas aujourd’­hui le geste de Dominique Venner

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  6. « Car la France, hélas, c’est une ago­nie qui n’en finit pas »
    Comme c’est bien dit. Nous souf­frons beau­coup, c’est très dur, et cer­tains ont hâte d’en finir.
    Mais tant que cette ago­nie dure, tant qu’il s’a­git d’a­go­nie et non pas de mort, nous gar­dons l’es­poir d’un sur­saut.
    Jeanne d’Arc, reviens ! Vite, car bien­tôt il sera trop tard.

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