Estrosi et Dupond-Moretti se fritent au restaurant

par | 30 octobre 2025 | 1 com­men­taire

Revenons sur l’al­ter­ca­tion entre Christian Estrosi, maire de Nice et ancien ministre, et Éric Dupond-Moretti, ancien ministre de la Justice, s’est pro­duite le 22 octobre 2025, lors d’un déjeu­ner au res­tau­rant « La Petite Maison » situé dans le Vieux-Nice.

Ces deux anciens ministres offrent une image pitoyable de leurs per­son­na­li­tés. Cela nous rap­pelle cette chan­son de Renaud :

Nous pour­rions plus volon­tiers ima­gi­ner que ces deux coquins sont copains comme cochons. Eh bien, pas du tout. Il ne fait pas de doute que c’est le maire de Nice qui « l’a cher­ché ».

Pourquoi donc Christian Estrosi en voudrait à l’ancien Garde des Sceaux ?

Les rai­sons ne manquent pas, et elles ne concernent pas les tra­hi­sons car ils sont aus­si traitres l’un que l’autre. Les rai­sons sont à cher­cher dans les mul­tiples enquêtes judi­ciaires dans les­quelles le maire de Nice est impliqué :

Affaire Description Statut au 30/​10/​2025
Conflits d’in­té­rêts et détour­ne­ment de fonds publics liés à l’or­ga­ni­sa­tion d’é­vé­ne­ments (Eurovision Junior et Nice Climate Summit) Soupçons de prise illé­gale d’in­té­rêts et détour­ne­ment de fonds publics concer­nant deux évé­ne­ments de 2023 à Nice : l’Eurovision Junior (co-ani­mé par son épouse Laura Tenoudji) et le Nice Climate Summit (où elle devait ani­mer des tables rondes). Les col­lec­ti­vi­tés diri­gées par Estrosi ont sub­ven­tion­né ces mani­fes­ta­tions, impli­quant France Télévisions et La Tribune. Signalements ini­tiaux d’é­lus éco­lo­gistes en 2023. Enquêtes ouvertes par la JIRS(1) de Marseille pour « détour­ne­ment de fonds publics », « prise illé­gale d’in­té­rêts » et « faux en écri­ture publique ». Perquisitions en avril 2025 à la métro­pole et chez France Télévisions. Garde à vue du couple Estrosi et de Delphine Ernotte (pré­si­dente de France Télévisions) le 30 juin 2025 ; levée sans pour­suites immé­diates, mais enquêtes en cours avec audi­tions récentes.
Activités de conseil du couple Estrosi-Tenoudji (abus de biens sociaux) Plainte pour « abus de biens sociaux » et « recel d’a­bus de biens sociaux » visant les hono­raires per­çus (1,512 M€ entre mai 2024 et juin 2025) par la socié­té de conseil du couple auprès de Smart Good Things Holding (diri­gée par Serge Bueno, déte­nue en par­tie par Tony Parker). Interrogations sur la réa­li­té des pres­ta­tions fournies. Plainte dépo­sée le 21 octobre 2025 au Parquet natio­nal finan­cier (PNF). Pas encore d’ou­ver­ture d’en­quête for­melle, mais sai­sie en cours. Les avo­cats d’Estrosi qua­li­fient cela de « boule puante » électorale.
Gestion des tra­vaux post-tem­pête Alex (mal­ver­sa­tions finan­cières dans l’arrière-pays) Soupçons de mal­ver­sa­tions sur les chan­tiers de recons­truc­tion après la tem­pête Alex de 2020, gérés par la Métropole Nice Côte d’Azur. Enquête sur l’at­tri­bu­tion de mar­chés publics et pos­sibles irré­gu­la­ri­tés financières. Enquête judi­ciaire ouverte et en cours depuis plu­sieurs années ; pro­tec­tion fonc­tion­nelle accor­dée à Estrosi en octobre 2025 pour une plainte contre Éric Ciotti (rival poli­tique), qui fait polé­mique. Audience pré­vue le 10 novembre 2025.
Affaire Richard Orlinski (tra­fic d’in­fluence et escroquerie) Enquête sur des soup­çons de tra­fic d’in­fluence, escro­que­rie en bande orga­ni­sée et abus de biens sociaux impli­quant l’ar­tiste Richard Orlinski (expo­si­tions à Nice). Perquisitions aux domi­ciles des Estrosi en mars 2025. Information judi­ciaire ouverte depuis novembre 2022 ; per­qui­si­tions en mai 2024 au bureau du direc­teur de cabi­net d’Estrosi et en mars 2025. Enquête en cours par l’OCLCIFF.
Financement du Grand Prix de F1 au Castellet Gaspillage pré­su­mé de 17 M€ de fonds métro­po­li­tains pour le GP de France de F1 au Castellet (Var), sans béné­fice direct pour Nice. Facture totale esti­mée à plus de 34 M€. Enquête judi­ciaire en cours ; signa­le­ments d’é­lus éco­lo­gistes en juillet 2025.
Autres enquêtes cumu­lées sur la Ville et la Métropole Une quin­zaine de dos­siers judi­ciaires visant des struc­tures admi­nis­trées par Estrosi, incluant des per­qui­si­tions pour pos­sibles mal­ver­sa­tions (ex. : dons d’ad­joints à son asso­cia­tion poli­tique, sta­tue de Jeanne d’Arc, sta­tion de ski Isola 2000). Contrôle de la Chambre régio­nale des comptes en cours. Enquêtes mul­tiples en cours depuis 2024 ; per­qui­si­tions récur­rentes à la mai­rie. Risque de déchéance en cas de condamnation.

Ça fait beaucoup !

Christian Estrosi n’est pas content qu’Éric Dupond-Moretti n’ait pas étouf­fé ses affaires — du moins quelques unes — comme il le fait cou­ram­ment par ailleurs(2).

Juridiction Interrégionale Spécialisée de Marseille : ins­tance judi­ciaire fran­çaise spé­cia­li­sée dans la lutte contre la grande cri­mi­na­li­té orga­ni­sée et la délin­quance éco­no­mique et finan­cière com­plexe.
Citons quelques unes des affaires dans les­quelles le Garde des Sceaux est inter­ve­nu en faveur d’un pré­ve­nu : 
Affaire Rybolovlev-Haget (enquête anti­cor­rup­tion à Monaco), Affaire des « fadettes » (écoutes dans l’af­faire Bismuth/​Sarkozy), Affaire Yvan Colonna et déte­nus corses, Affaire Marie-Laure Piazza (Cour d’as­sises de Bastia).

1 commentaire

  1. Leurs élec­to­rats ne valent cer­tai­ne­ment pas plus chers qu’eux ! Et là, ça fait beau­coup et abso­lu­ment pas rire !!!

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