Élections législatives 2022 : la revanche du Titanic et le triomphe de l’inertie

« Surtout, pas de vagues ! »

En ce milieu d’année 2022, la France est à feu et à sang dans les ban­lieues, dans les centre-villes, et même désor­mais dans les petits bourgs de cam­pagne ; chaque semaine (ou presque), on immole – comme on immole un mou­ton – un Français par égor­ge­ment et chaque semaine (ou presque), la France est humi­liée par ses diri­geants qui veulent la voir dis­pa­raître ; mais la consigne don­née aux médias et aux par­tis poli­tiques consen­suels ou com­plices (Ensemble, RN, Nupes, LR) est : « Surtout, ne pas faire de vagues ! »

Méditerranée - Mer plate

Mer d’huile

Les par­tis poli­tiques qui col­la­borent acti­ve­ment ou pas­si­ve­ment à main­te­nir le sys­tème en place sont ceux qui ont dépas­sé 10 % des votants aux der­nières élec­tions légis­la­tives, ce qui ne veut pas dire qu’ils sont légi­times étant don­né que plus de la moi­tié des Français ne se sont pas dépla­cés pour voter.

Les Français avaient été déjà bien for­ma­tés, anes­thé­siés, pour les Présidentielles, qui avaient vu se ren­con­trer, lors d’un débat sopo­ri­fique, Macron et Le Pen, cette der­nière ayant soi­gneu­se­ment évi­té d’émettre la moindre cri­tique envers son inter­lo­cu­teur (on ne dira pas son « adver­saire ») comme si un accord avait été pas­sé préa­la­ble­ment entre eux. Marine Le Pen veut accé­der à la cour des grands mais elle n’est pas assez per­verse ni men­teuse pour jouer conve­na­ble­ment son rôle, celui que les pré­da­teurs sans scru­pules comme Macron savent tenir par­fai­te­ment. Encore un effort, Marine !

« Pas de vagues ! » : voi­là qui me per­met d’introduire la brève évo­ca­tion du nau­frage du Titanic que vous décou­vri­rez dans les lignes ci-après. En effet, le Titanic a cou­lé dans une mer d’huile, quelques vagues, même quelques vague­lettes, auraient peut-être per­mis aux marins du bateau de repé­rer la masse proche de l’iceberg qui allait le cou­ler. Comme quelques vagues auraient per­mis aux Français de secouer leur torpeur.

La force de l’inertie

« Renversez la vapeur ! Machine arrière toute ! » J’en reviens à cette image du Titanic qui reste pour moi le sym­bole par­fait de notre fin de cycle(1). Ces phrases ont été hur­lées dans la nuit du 14 au 15 avril 1912 par le com­man­dant en second du Titanic, William Murdoch, lorsqu’il s’est trou­vé infor­mé de la pré­sence d’un ice­berg droit devant la marche du bateau.

Ces ordres n’ont ser­vi à rien, même s’ils ont été exé­cu­tés sur l’instant. Pourquoi ? Tout sim­ple­ment parce que le Titanic était entraî­né par son élan, non pas un élan dyna­mique, mais par la force de l’inertie, sa masse, son poids.

Le nau­frage du Titanic est l’une des pre­mières et des plus allé­go­riques mani­fes­ta­tions des temps modernes de ce que l’on appelle l’hubris, c’est-à-dire la vani­té, le maté­ria­lisme, la convoi­tise et l’arrogance consi­dé­rées comme valeurs ultimes et suprêmes, le por­trait même des titans psy­cho­pathes qui dirigent actuel­le­ment le monde.

Le tita­nisme (ou le pro­mé­théisme) est l’un des attri­buts de l’hubris ; ou bien c’est l’hubris qui est l’une des carac­té­ris­tiques du titanisme.

Les pas­sa­gers du Titanic forment, pour la plu­part, une clien­tèle de gens riches qui n’ont aucune com­pas­sion pour les petites gens des niveaux infé­rieurs, infé­rieurs, au propre (plus le pont est supé­rieur, plus les places sont chères) comme au figu­ré, la hié­rar­chie sur la terre ferme comme sur un bateau se rap­por­tant uni­que­ment à l’épaisseur du por­te­feuille sans autre consi­dé­ra­tion. Ceux qui se sou­viennent du beau film épo­nyme de James Cameron ont noté la morgue de l’homme d’affaires qui consi­dère sa fian­cée, l’héroïne du film, comme l’une de ses bonnes opérations.James Cameron - Titanic

Le Titanic avait été conçu pour être le plus grand, le plus beau, le plus cher, le plus rapide de tous les bateaux ayant jamais navi­gué ; on le disait au sur­plus insub­mer­sible ; on se dit qu’il ne pou­vait s’appeler autre­ment que le Titanic, évo­quant la puis­sance, la force, le gigan­tisme ; comme l’ont évo­qués les gratte-ciel de la même époque et les tours gigan­tesques de la nôtre ; c’est à celui qui construi­ra la plus grande, sor­tie des sables ou pul­lu­lant, chancres tita­nesques, dans les méga­poles du monde entier.

Le Titanic empor­tait donc avec lui une popu­la­tion à son image, le navire lourd de son propre poids et les pas­sa­gers lourds du poids de toutes les bas­sesses et igno­mi­nies que les hommes accu­mu­laient depuis des géné­ra­tions jusqu’à en deve­nir obèses et qui étaient repré­sen­tés sur les ponts du bateau jusqu’à la cari­ca­ture. Et cette socié­té de plai­sirs et de futi­li­té errait, hagarde, dans les cour­sives infé­rieures du navire qui com­men­çaient à se rem­plir d’eau, ou se ber­çait, dans les ponts supé­rieurs, des romances à la mode, pen­dant que le paque­bot qui les por­tait, qui n’était plus gou­ver­né, se diri­geait droit vers l’iceberg, vers son des­tin final qui allait deve­nir emblé­ma­tique du nôtre.

Deux ans plus tard écla­tait la pre­mière guerre mondiale.

Je vais ris­quer une com­pa­rai­son que cer­tains vont peut-être juger dis­pro­por­tion­née, et pourtant !

Le peuple fran­çais, au moment où j’écris ces lignes, com­plè­te­ment décé­ré­bré par les médias et entiè­re­ment sou­mis aux injonc­tions gou­ver­ne­men­tales, n’a plus d’autre ave­nir que de se diluer dans un mag­ma informe qui affec­te­ra son essence même et les condi­tions de sa survie.

La popu­la­tion qu’on a pous­sée vers les urnes, il y a quelques jours, comme si leur dépla­ce­ment allait chan­ger grand-chose, était-elle dif­fé­rente de celle du Titanic ?

Non ; c’était la même mais aug­men­tée encore de la charge des renon­ce­ments (des lâche­tés), des égoïsmes, du confort et de l’abêtissement, de l’avachissement final pro­gram­mé pour elle, guerre après guerre, par les maîtres du monde pen­dant le siècle qui s’est écou­lé entre les deux évé­ne­ments ; comme elle, elle n’avançait plus que par la force de l’inertie, se lais­sant traî­ner misé­ra­ble­ment vers un tra­gique dénoue­ment. Comme elle, elle était, et donc est encore, com­plè­te­ment incons­ciente des enjeux et de sa fin prochaine.

Le conformisme du troupeau

Troupeau moutonsÀ l’image du nau­frage du Titanic vient se super­po­ser une autre image, un des­sin qu’on dira sim­pliste et humo­ris­tique, mais qui est, ô com­bien, par­lant : celui du trou­peau de mou­tons en route vers l’abîme, et, pen­dant que ses congé­nères plongent dans le vide, un mou­ton noir fait volte-face et pré­vient le reste du trou­peau : « Quelque chose ne va pas, faites demi-tour ! » (ce qui cor­res­pond au « Renversez la vapeur, machine arrière toute ! » du para­graphe pré­cé­dent); mais, évi­dem­ment, les mou­tons ne seraient pas des mou­tons s’ils avaient une lueur d’intelligence ou une vel­léi­té d’indépendance : « Encore un com­plo­tiste ! Fais ce qu’on te dit de faire ! », lui répondent-ils.

Les éveillés

Nice antipass - 7 août 2021 - Éveillé

Vu lors de la mani­fes­ta­tion anti­pass de Nice, le 7 août 2021

Bien sûr, un mou­ton noir n’est pas for­cé­ment noir ! Il peut être même plus blanc que les autres, ou plus propre. Ces mou­tons noirs ne sont pas bien nom­breux ; ils viennent de tous les milieux ; ils ont sou­vent par­ti­ci­pé aux deux grands mou­ve­ments révo­lu­tion­naires de ces der­nières années (Gilets Jaunes et mou­ve­ment de contes­ta­tion de la dic­ta­ture sani­taire(2)), ils ont com­plè­te­ment renon­cé à se dés­in­for­mer sur tout média offi­ciel (télé­vi­sions, radios, jour­naux), pri­vi­lé­giant les infor­ma­tions don­nées par de rares médias indé­pen­dants (comme le site sur lequel vous lisez cet article) et cer­tains réseaux sociaux ; ils se sont, quand ils ont pu le faire, éloi­gnés des villes et des foules, ils ont sou­vent chan­gé de monde avant que le monde ait pu avoir quelque prise sur eux, ils se sont par­fois conver­tis au loca­lisme et ils se sont don­né les moyens de vivre en autar­cie quand c’était possible.

Ces êtres éveillés, que Julius Evola appe­lait les « êtres dif­fé­ren­ciés », se recon­naissent dans les pro­fils éta­blis par Ariane Bilheran, jeune psy­cho­logue fran­co-colom­bienne, spé­cia­liste des mani­pu­la­tions men­tales, qui, dans l’une de ses vidéos(3), dresse le por­trait en trois pro­fils de ces êtres réa­li­sés dans les­quels cer­tains de nos lec­teurs ne man­que­ront de se retrou­ver :
• pre­mier pro­fil : les per­sonnes ayant une capa­ci­té d’isolement, d’autonomie, qui n’ont pas peur de la soli­tude et qui sont plus avan­cés que la moyenne sur leur rap­port à la mort « le fait d’avoir inté­rio­ri­sé notre rap­port à la mort nous amène à valo­ri­ser la vie plu­tôt que la sur­vie » dit-elle.
• deuxième pro­fil : « les per­sonnes ayant une grande capa­ci­té à dis­tin­guer la véri­té du men­songe, à aller cher­cher la véri­té », en fait, ceux qu’on appelle « les lan­ceurs d’alerte », les per­sonnes un peu plus lucides que d’autres et qui savent démon­ter les méca­nismes de mani­pu­la­tion.
• troi­sième pro­fil : les per­sonnes ayant déjà vécu beau­coup d’épreuves, beau­coup de trau­ma­tismes.
Ces per­sonnes résistent davan­tage à ceux qui font du dis­cours un élé­ment de mani­pu­la­tion.
« À l’inverse », dit-elle « les per­sonnes ayant un haut niveau d’études, les intel­lec­tuels, sont des types de per­sonnes para­doxa­le­ment très sujettes à la mani­pu­la­tion parce qu’elles sont faci­le­ment séduites par le lan­gage ».

Les êtres éveillés, de par la confor­ma­tion même de leur pro­fil psy­cho­lo­gique : indé­pen­dance, amour de la soli­tude, déta­che­ment du monde, ont beau­coup de mal à se recon­naître et à se ras­sem­bler afin que leur action soit plus effi­cace, une action dont ils n’attendent rien en retour mais qu’ils savent devoir accom­plir ; les temps vien­dront bien­tôt où, la néces­si­té fai­sant loi, ce type d’embûches sera écar­té et où ces êtres éveillés pour­ront plei­ne­ment accom­plir leur mission.

Pierre-Émile Blairon

(1) J’en ai lar­ge­ment par­lé dans mon ouvrage L’Iceberg, la Tradition pri­mor­diale contre le Titanisme, paru en juillet 2021 aux Éditions du Lore.
(2) Voir mon article du 23 avril : Signe des temps, l’hystérie élec­to­ra­liste du 23 avril 2022.
(3) Ariane Bilheran


Pierre-Émile Blairon est l’au­teur d’un cer­tain nombre de livres liés à l’Histoire, notam­ment de la Provence, de Nostradamus à Giono et à la fin du Cycle :

Pierre-Émile Blairon - Iceberg

Pierre-Émile Blairon - Chronique fin cycle - Enfers parodisiaques

Pierre-Émile Blairon - La roue et le sablier - Bagages pour franchir le gué

Pierre-Émile Blairon - Le messager des dieux

Pierre-Émile Blairon - Livre Tradition primordiale

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Pierre-Émile Blairon

2 Commentaires 

  1. Peut-être est-il temps de se ral­lier aux orga­nismes paral­lèles type réseau Solaris ou « Vivre Libre » et qui nous per­mettent de vivre dans l’a­mour de notre pro­chain et non pas sur­vivre dans l’en­fer que l’on nous promet…simplement pour retrou­ver notre humanité…

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  2. 18/​06/​2022 – Journal de Guerre N° 38 (J + 114) – https://wp.me/p4Im0Q-5B7 – Faut-il battre le rap­pel, après le 18 Juin pour créer un contre-pou­­voir ? Devons-nous voter « étroit de notre égoïsme » ou large de notre ambi­tion com­mune au bien-être. Parfois, il faut oser dépas­ser nos propres limites d’horizon, sur­tout poli­tiques dès qu’il est exi­gée une vraie réponse citoyenne.

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