Macron soutenu par 600 maires de France
La campagne électorale officielle n’a même pas commencé que nos politiciens « désintéressés » font déjà des paris sur l’avenir et misent gros sur le cheval supposé être vainqueur en avril prochain. C’est ainsi que plus de 600 maires de France menés par Édouard Philippe se sont rangés derrière Emmanuel Macron pour le soutenir et lui exprimer leur amour dans une tribune publiée le 21 novembre dernier par Le Journal du dimanche. Et parler d’amour n’est pas un euphémisme. Jugez plutôt : « La critique facile a consisté à dépeindre Emmanuel Macron comme hors-sol, déconnecté des territoires et ne comprenant pas la France profonde. Ce n’est ni ce que nous avons perçu de lui, ni ce qu’expriment ses déplacements, ni ce que traduit son action. Au contraire. À notre place, dans l’exercice de nos responsabilités, nous pouvons clairement dire que le quinquennat qui vient de s’écouler a été favorable aux territoires et aux communes. » Beau comme du Lamartine.
Mais que l’on ne se méprenne pas, assurent-ils, « Ce soutien ne poursuit aucun intérêt partisan, il est d’intérêt général. Nous voulons tout simplement poursuivre la relation de confiance qu’en cinq ans nous avons pu tisser avec l’État. » Ben voyons ! Quand on s’aperçoit qu’il y a, parmi les signataires, un certain Christian Estrosi, on s’étrangle (lire Pour Estrosi, Macron est gaulliste ! Faut-il en rire ou en pleurer ? du 25 novembre 2021).
Ces maires qui prétendent n’avoir aucun intérêt partisan, qui pour les croire ?
En effet, dans cette liste menée par l’ancien Premier ministre, outre le maire de Nice, on trouvent d’innombrables élus ayant, comme les mouches, changé d’âne depuis qu’Emmanuel Macron a accédé au Pouvoir.
En haut de la liste, Caroline Cayeux (Beauvais) et Christophe Béchu (Angers) tous deux passés de LR à La République en Marche – Béchu étant par ailleurs le secrétaire général du parti Horizons fondé il y a peu par Édouard Philippe –
mais aussi Hubert Falco (Toulon), gauchiste devenu chiraquien puis sarkosiste pour finir macronien,
ou Olivier Klein (Clichy-sous-bois) ex-communiste passé au PS puis rallié lui aussi à LaREM.
Tout ce panier de crabes arrivistes clame donc son souhait d’un second mandat d’Emmanuel Macron : « Nous voulons continuer d’être associés aux grands moments de la vie du pays comme nous l’avons été au moment du grand débat national en mettant à disposition des cahiers de doléances et en organisant des réunions citoyennes, durant la pandémie en mettant en place des campagnes de test puis de vaccination, et récemment avec le plan de relance que nous contribuons à déployer. » Oublié le méchant coup de rabot sur la dotation globale de fonctionnement, oublié la perte de ressources liée à la suppression de la taxe d’habitation. Ces maires pour le moins peu rancuniers en redemandent ! C’est beau l’amour…
Plus prosaïquement, il y a pour les uns la vision à courte vue d’un secrétariat d’État voire d’un ministère dans le prochain gouvernement – un certain « motodidacte », quoique sixième sur la liste, vise même le fauteuil de Matignon -. Pour l’autre, l’ancien Premier ministre, le meneur de la bande, il s’agit d’établir une rampe de lancement pour son parti en vue de l’élection présidentielle de 2027. Bref, nous sommes très loin de la déclaration d’amour désintéressée. En cela, rien de nouveau sous le soleil, tout le monde sait bien que chez les politiciens « Il est du véritable amour comme de l’apparition des esprits : tout le monde en parle, mais peu de gens en ont vu. » (François de La Rochefoucauld). N’est-ce pas, Monsieur Estrosi ?
Charles ANDRÉ
« L’important n’est pas de convaincre mais de donner à réfléchir. »
NDLR : ces 600 maires n’auront pas réussi à faire élire à la puissante Association des Maires de France le mercredi 17 novembre 2021 leur poulain macronien Philippe Laurent, maire de Sceaux et secrétaire général sortant de l’AMF, devancé par David Lisnard, maire de Cannes.
L’élection de @davidlisnard signe le Waterloo du macronisme.
— Eric Ciotti (@ECiotti) November 17, 2021
Il ne restera que du prétendu nouveau monde le mépris des territoires et des Français
La girouette Estrosi tourne, tourne et ne se grippe jamais. Mais pas sûr qu’il ait fait le bon choix cette fois.
Si Macron gagne, il n’aura pas Matignon. Trop bas dans la liste. Peut être Beauvau…
Si Macron ne gagne pas, adieu veaux, vaches, cochons, poulets… Et il se retrouve à nouveau dans un parti minoritaire… Comme quand il était chez LR. Retour à la case départ.