Modelé avec mon pouce
Cagnes-sur Mer, capitale du bijou contemporain, mais ne comptant pas pour rien
Cagnes-sur-Mer s’enorgueillit d’avoir le seul musée du bijou contemporain en Europe. Cocorico ! Selon son Maire, Louis Nègre : « Nous avons une collection unique en France, voire en Europe, sur laquelle nous travaillons depuis trente ans. Quand je suis aux vernissages, je vois des gens qui ont fait 10 000 km pour venir voir un vernissage chez moi, à Cagnes ! Tout le monde n’a pas accès à l’art contemporain ».
Je doute que beaucoup de Cagnois, gens qui ne sont rien, béotiens incultes, se soient intéressés à cette collection, pourtant à leur porte, place du château Grimaldi.
Combien, d’ailleurs sont-ils déjà allés au MAMAC de Nice ? L’art conceptuel contemporain ne valant que par sa côte « en bourse », tous les ans à la FIAC. Tout le monde s’accorde à dire que… c’est moche.
C’est donc pour enrichir (doux euphémisme) sa collection, que son Conseil municipal est invité à valider l’acquisition de ce bijou contemporain, un modelé du pouce de son artiste Gerd Rothmann. Ce dernier, 80 ans, dans un élan de générosité a fait aux cagnois un « prix musée », 4 500 euros, selon le maire.
Quelle bonne affaire, alors !
En ce Conseil municipal, son opposition intervient pour tenter de sauver les meubles :
Mme Utrago : « Connaissant énormément d’artistes, je peux vous dire que lorsqu’ils demandent à faire une exposition, ils vont voir les voisins, c’est-à-dire Saint-Paul-de-Vence ou Villeneuve-Loubet. Savez vous qu’il y a de grands artistes à Cagnes-sur-Mer qui sont cagnois ? »
M. Lebon : « Je vous avoue que je suis très inquiet. Un musée, c’est une collection, donc c’est un grand nombre d’objets. Quand on monte une collection d’outils du terroir ou je ne sais quoi, les éléments de la collection ne sont pas coûteux, alors que là par définition, les bijoux, c’est très cher. Ensuite, art contemporain : comme chacun sait, l’art contemporain, ce n’est pas l’art comptant pour rien. Là aussi, c’est très cher. Donc, si on veut avoir un musée du bijou contemporain, cela veut dire qu’il va falloir engager des dépenses nombreuses et importantes, et on en a un exemple aujourd’hui. » Puis monsieur Lebon continue : « Je me suis intéressé à ce Gerd Rothmann, cet artiste qui est mondialement connu, n’a même pas un nom sur Wikipédia. Beaucoup de gens sont sur Wikipédia, vous, Monsieur le Maire, vous y êtes. Je m’intéresse donc un peu plus à son œuvre, et je vous lis : « Son approche est très simple, mais relève en même temps du génie ». Son génie consiste à laisser ses empreintes digitales sur quelques objets, de l’or, de l’argent, je ne sais quoi. Beaucoup d’entre nous ici sont parents, on se rappelle tous avoir vu son petit revenir de la maternelle avec une poterie et ses empreintes dessus. Sans doute que les institutrices de maternelle sont des génies aussi. »
S’ensuit cet échange croustillant, en Conseil municipal, sous le contrôle du maire qui aime à l’envi présenter sa gestion des finances publiques « En bon père de famille » :
M. Perez : « Monsieur Constant, j’aimerais savoir si vous, personnellement, vous achetez un collier de ce genre à 4 500 € ?»
M. Constant : « Absolument. »
M. Perez : « Je vous en félicite !»
M. Constant : « Et Mme Corbinais à qui je l’offrirais serait absolument ravie de le porter. »
M. Perez : « J’attends de le voir avec impatience. »
M. Constant : « Si vous veniez un peu plus souvent aux vernissages… Je porte moi-même des bijoux contemporains que j’ai achetés à des artistes. »
Et ce n’est pas fini. Fort de son succès international en matière de bijou contemporain, la ville va augmenter la surface d’exposition.
M. Constant : « Encore une très bonne nouvelle. Nous avons petit à petit récupéré tout l’espace autour de cette tour Margot et de la maison Solidor. »
Monsieur le maire, Louis Nègre : « Nous avons là une vision sur le moyen terme, puisque nous allons nous engager à travers cet achat. 360 000 €. Nous allons pouvoir étendre le musée contemporain, reprendre toute son installation, faire 100 m² de plus, et avec la requalification de ce musée qui est unique en Europe, nous allons obtenir également la labellisation « Musée » par le ministère de la Culture. Cela va entraîner des contraintes, mais nous obtiendrons le label « Musée ». C’est dire que notre travail est reconnu au plus haut niveau par le ministère de la Culture. »
Cagnes-sur-Mer, ce n’est pas que du béton, il y a aussi le supplément d’âme contemporain. Les Cagnois seront ravis de la gestion en bon père de famille de leur maire.
Michel Lebon
Les gueux imposables et contribuables seront ravis de ces décisions qui consistent à dilapider de l’argent public au nom de l’art contemporain…
La folie des grandeurs dans toute sa splendeur, faudrait rappeler au maire que l’argent ne coule pas du pis de la vache à lait…
Le bijou modelé avec le pouce, j’adore… le prochain sera roulé sous les aisselles ???
Le Père Noël est une ordure, non le maire de Cagnes est une ordure !