Sernin, saint Patron de Toulouse
P‑G.S. apporte quelques commentaires à l’article que nous avons récemment publié : La Porte des Ténèbres est grande ouverte.
Permettez moi ces quelques notes pour alimenter les commentaires sur l’article de Pierre-Émile Blaison.
Le Saint patron de la « Ville rose » (couleur d’aurore et de crépuscule à la fois, état intermédiaire entre les ténèbres et la lumière) se nomme Sernin (Sarnin en occitan), contraction de Saturnin, nom évocateur du « vieillard Temps », Saturne, qu’on appelle aussi Chronos, le dieu des sabliers et, plus tard, des horloges. Le « dieu » (= le « principe ») qui, de nos jours, semble nous menotter avec nos montres.
Or, Sernin, qui exerça son apostolat aux environs de 250 de notre ère, subit le martyre en étant attaché à un taureau furieux qui le traîna le long du Cardo, c’est-à-dire, selon l’usage romain, l’axe nord-sud, mais il faudrait plutôt dire sud-nord ; car le Nord extrême, le Pôle, marque selon diverses civilisations (égyptienne, indienne, perse, grecque, celto-irlandaise) l’origine de la connaissance (cf. la fin de mon article sur le drapeau corse). Le Saint meurt et connaît sa libération des contingences terrestres sur l’axe qui reconduit à la connaissance originelle.
Comprenons qu’il meurt aussi à ce que signifiait son nom : Saturne, le temps qui conditionne et conduit à sa fin notre corps de chair, donc matériel et périssable. Et ce par un taureau, animal incarnant précisément la puissance de la terre. Comme le montre fort pertinemment Pierre-Émile Blairon, c’est un minotaure qui devient le héros de Toulouse. Un taureau par conséquent. On a bien compris que ces « machineries » (machinations) n’ont pas pour but de ramener un éventuel « néo-paganisme », mais de subvertir les mythes et leur faire dire l’inverse du message qu’ils portent. D’une pierre deux coups : on « héroïse » la taureau tueur du représentant de la chrétienté et on falsifie le monde magnifique et hautement signifiant du mythe.
Enluminure et fragment de la tapisserie d’Angers (1527) représentant le martyre de Saint Saturnin
Enfin, rappelons que l’église dédiée à Saint Sernin, commencée au 11e siècle, est l’une des plus grandes églises romanes d’Europe, avec Saint-Jacques-de-Compostelle. Elle comporte 260 chapiteaux. Et ce « 260 », multiple du 26 (ésotériquement considéré comme la présence du divin dans les nombres), n’est pas le fait du hasard ou d’une fantaisie d’architecte. Pour les anciens, la connaissance des choses cachées passe par celle des nombres.
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