Sernin, saint Patron de Toulouse

par | 4 novembre 2024 | Aucun com­men­taire

P‑G.S. apporte quelques com­men­taires à l’ar­ticle que nous avons récem­ment publié : La Porte des Ténèbres est grande ouverte.

Permettez moi ces quelques notes pour ali­men­ter les com­men­taires sur l’ar­ticle de Pierre-Émile Blaison.

Le Saint patron de la « Ville rose » (cou­leur d’au­rore et de cré­pus­cule à la fois, état inter­mé­diaire entre les ténèbres et la lumière) se nomme Sernin (Sarnin en occi­tan), contrac­tion de Saturnin, nom évo­ca­teur du « vieillard Temps », Saturne, qu’on appelle aus­si Chronos, le dieu des sabliers et, plus tard, des hor­loges. Le « dieu » (= le « prin­cipe ») qui, de nos jours, semble nous menot­ter avec nos montres.
Or, Sernin, qui exer­ça son apos­to­lat aux envi­rons de 250 de notre ère, subit le mar­tyre en étant atta­ché à un tau­reau furieux qui le traî­na le long du Cardo, c’est-à-dire, selon l’u­sage romain, l’axe nord-sud, mais il fau­drait plu­tôt dire sud-nord ; car le Nord extrême, le Pôle, marque selon diverses civi­li­sa­tions (égyp­tienne, indienne, perse, grecque, cel­to-irlan­daise) l’o­ri­gine de la connais­sance (cf. la fin de mon article sur le dra­peau corse). Le Saint meurt et connaît sa libé­ra­tion des contin­gences ter­restres sur l’axe qui recon­duit à la connais­sance originelle.

Comprenons qu’il meurt aus­si à ce que signi­fiait son nom : Saturne, le temps qui condi­tionne et conduit à sa fin notre corps de chair, donc maté­riel et péris­sable. Et ce par un tau­reau, ani­mal incar­nant pré­ci­sé­ment la puis­sance de la terre. Comme le montre fort per­ti­nem­ment Pierre-Émile Blairon, c’est un mino­taure qui devient le héros de Toulouse. Un tau­reau par consé­quent. On a bien com­pris que ces « machi­ne­ries » (machi­na­tions) n’ont pas pour but de rame­ner un éven­tuel « néo-paga­nisme », mais de sub­ver­tir les mythes et leur faire dire l’in­verse du mes­sage qu’ils portent. D’une pierre deux coups : on « héroïse » la tau­reau tueur du repré­sen­tant de la chré­tien­té et on fal­si­fie le monde magni­fique et hau­te­ment signi­fiant du mythe.

Enluminure et frag­ment de la tapis­se­rie d’Angers (1527) repré­sen­tant le mar­tyre de Saint Saturnin

Enfin, rap­pe­lons que l’é­glise dédiée à Saint Sernin, com­men­cée au 11e siècle, est l’une des plus grandes églises romanes d’Europe, avec Saint-Jacques-de-Compostelle. Elle com­porte 260 cha­pi­teaux. Et ce « 260 », mul­tiple du 26 (éso­té­ri­que­ment consi­dé­ré comme la pré­sence du divin dans les nombres), n’est pas le fait du hasard ou d’une fan­tai­sie d’ar­chi­tecte. Pour les anciens, la connais­sance des choses cachées passe par celle des nombres.

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