Conseil constitutionnel : la très prévisible trahison du RN

par | 21 février 2025 | 3 Commentaires 

La nomi­na­tion pour 9 ans de Richard Ferrand au poste de pré­sident du Conseil consti­tu­tion­nel a pro­vo­qué une onde de choc par­mi les rares per­sonnes qui croyaient encore à l’intégrité ver­tueuse des par­le­men­taires du par­ti de Marine Le Pen et qui voient le sol s’écrouler sous leurs pieds.
Il faut dire que les 16 dépu­tés de la com­mis­sion des Lois sous éti­quette RN se sont oppor­tu­né­ment abs­te­nus afin de ne pas entra­ver l’accession de Ferrand à ce poste-clé.
On sait que Richard Ferrand avait été mis en exa­men en 2019 dans l’affaire dite des « Mutuelles de Bretagne » dans laquelle il « était soup­çon­né d’a­voir pro­fi­té de sa situa­tion de direc­teur géné­ral des Mutuelles de Bretagne, de 1998 à 2012, pour favo­ri­ser sa com­pagne, lui per­met­tant d’a­che­ter en 2011 un bien immo­bi­lier à Brest sans débour­ser un cen­time(1) » avant que la Cour de Cassation ne conclue à sa pres­crip­tion. Ferrand a cepen­dant été contraint de jus­ti­fier sa can­di­da­ture devant l’Assemblée natio­nale et le Sénat(2).
« Comme Laurence Vichnievsky et Philippe Bas, les deux autres futurs membres du Conseil consti­tu­tion­nel, vali­dés sans ani­croche par l’Assemblée natio­nale pour la pre­mière et le Sénat pour le second, Richard Ferrand va donc pou­voir s’installer dans l’institution de la rue de Montpensier. Mais le vent du soup­çon souffle déjà sur cette nomi­na­tion. “Le RN va payer cher ce choix auprès de son élec­to­rat. Mais s’ils ont déci­dé de prendre ce risque, c’est que le deal vaut cher”, consi­dère la com­mu­niste Elsa Faucillon, non sans sous-enten­dus. “Ça sent la magouille”, a fus­ti­gé Julien Dive (LR). » (Le Figaro du 19 février 2025)
« C’est un cadeau auquel Emmanuel Macron ne s’at­ten­dait pas. Richard Ferrand, son can­di­dat au poste aus­si pres­ti­gieux que névral­gique de pré­sident du Conseil consti­tu­tion­nel pour les neuf années à venir, a été vali­dé par le Parlement… à une voix près. Et ce, grâce à l’abs­ten­tion des 16 dépu­tés du prin­ci­pal par­ti d’op­po­si­tion, le Rassemblement natio­nal, tous membres de la com­mis­sion des Lois. De la gauche jus­qu’au par­ti Les Républicains, les par­le­men­taires de tous bords ont promp­te­ment dénon­cé une absence de légi­ti­mi­té de Ferrand, d’un côté, et une com­pro­mis­sion du RN, de l’autre. “Il y a les paroles, mais il y a sur­tout les actes : Marine Le Pen devra s’en expli­quer devant les Français”, a, par exemple, grif­fé le patron des dépu­tés LR et can­di­dat à la pré­si­dence du par­ti de droite, Laurent Wauquiez. » (Le Point du 19 février 2025)

Les réac­tions de per­son­na­li­tés diverses venant de la poli­tique alter­na­tive ou des réseaux sociaux comme celles de Florian Philippot, de Jim le Veilleur(3), de Fabrice Di Vizio(4) ou du site Qactus.fr(5) vont toutes dans le même sens : le RN vient de signer son arrêt de mort poli­tique, cou­pable de tra­hi­son mani­feste envers ses 11 mil­lions d’électeurs et envers, donc, le peuple français.

Marche au pas - Godillots
On parle sou­vent de « par­ti godillot » pour dési­gner les membres d’un groupe poli­tique qui suivent sans mur­mu­rer les consignes de vote ou de com­por­te­ment don­nées par ses diri­geants(6).
On ne peut guère faire réfé­rence au sou­lier rus­tique de M. Godillot pour dési­gner celui qui chausse avec finesse et, peut-être, un brin de pré­cio­si­té — le célèbre raf­fi­ne­ment à la fran­çaise que tout le monde nous envie — celui de bon goût et de bon cuir qui galbe élé­gam­ment le pied de nos par­le­men­taires d’extrême-droite qu’on pour­rait plus judi­cieu­se­ment dési­gner par l’expression « d’extrême-vide ».
À pro­pos de chaus­sures, qui ne se sou­vient de celles que col­lec­tion­nait un « Young Leader » proche des cercles ély­séens au pré­nom plai­sam­ment exo­tique, Aquilino Morelle, marié à la pré­si­dente de la BNF (Bibliothèque natio­nale de France) qui avait été obli­gé, avant d’être contraint à la démis­sion, de se défendre en pré­ci­sant qu’il ne pos­sé­dait qu’une dizaine de paires de Weston dont il confiait le cirage à un employé de l’Élysée(7) ; on ne sau­ra rien de l’existence d’éventuels paires de Tod’s ou de Berluti, à moins que l’intéressé n’ait conclu un contrat d’exclusivité avec Weston. Le même Morelle traî­nait quand même d’autres cas­se­roles en lien avec Big Pharma qui expliquent plus sérieu­se­ment son évic­tion de la scène poli­tique.
L’évocation de ces (coû­teuses) futi­li­tés nous per­met de reve­nir bru­ta­le­ment au cœur du pro­blème bien fran­çais de l’utilisation du per­son­nel politique.

Le RN dis­po­sait de 89 dépu­tés depuis les élec­tions légis­la­tives de juin 2022 puis de 124 dépu­tés en 2024 après la dissolution.

À quoi auront ser­vi ces dépu­tés durant ces presque 3 ans de man­dat ?
À RIEN.
Quelles avan­cées signi­fi­ca­tives auront-ils engran­gées pour amé­lio­rer le sort de nos com­pa­triotes si mal­trai­tés par le Pouvoir en place ?
AUCUNE.

Vous pou­vez consul­ter l’article du JDD du 24 août 2023 qui ne vous appren­dra pas grand-chose : « Le vrai bilan du RN à l’Assemblée natio­nale : si le nombre d’a­men­de­ments adop­tés en un an est faible autant que leurs inter­ven­tions, les dépu­tés RN forment un groupe uni qui vote comme LR dans plus de la moi­tié des cas. »

11 mil­lions d’électeurs ont voté, pleins d’espoir, pour voir le RN accé­der au Pouvoir et remettre la France sur les rails.
RIEN ne s’est pro­duit parce que rien ne devait se pro­duire. Il y a belle lurette que Macron aurait déga­gé de la scène poli­ti­co-média­tique à la pre­mière motion de cen­sure si le RN l’avait vou­lu.
MAIS LE RN NE L’A PAS VOULU.
Ce n’est pas encore cette fois-ci que la France sera « great again ».

Il y a bien long­temps que nous avons com­pris que le RN n’était qu’un pro­duit de façade dont l’utilité ne réside que dans l’aptitude de ses membres à se loger dans une niche bien confor­table.
Ces dépu­tés auront pris soin aupa­ra­vant de parer aux aléas qui pour­raient déran­ger une orga­ni­sa­tion bien lis­sée et bien rodée dont l’unique sou­ci ne consiste qu’à évi­ter de faire des vagues qui pour­raient com­pro­mettre ce fra­gile et doux équi­libre.
Nous ne remon­te­rons guère dans le temps pour don­ner quelques exemples de cette inac­tion soi­gneu­se­ment entre­te­nue qui n’aura ser­vi que de para­mètre d’ajustement à un pou­voir dis­pen­dieux et déliquescent.

Le 29 sep­tembre 2020, sous le titre : Le masque, mar­queur de la sou­mis­sion du RN, Marc Desgorces-Roumilhac écri­vait dans nos colonnes, en pleine dic­ta­ture pseu­do-sani­taire, ce qui suit :
« Certaines des gaffes de Marine Le Pen, sou­vent indignes à son niveau, révèlent des lap­sus idéo­lo­giques inquié­tants. À croire que le RN ne veut pas être en retard de la moindre bêtise ser­vile, au seul béné­fice du Système. Lequel pour­tant, demain pas plus qu’hier et aujourd’hui, ne lui ren­dra même pas la petite mon­naie de ses renie­ments misé­rables. Ni de ses ral­lie­ments à la doxa bien-pen­sante. Ni de sa sou­mis­sion au poli­ti­que­ment cor­rect. Le RN pré­tend réveiller la France. Il serait temps qu’il com­mence par lui-même. Avant qu’il ne soit trop tard. Si tou­te­fois ce mou­ve­ment est capable d’assumer des idées claires et droites, à visage décou­vert. Sans masque. Sinon, tôt ou tard, d’une façon ou d’une autre, il sera démas­qué. »

Le 17 juin 2022, j’écrivais un article inti­tu­lé Élections légis­la­tives 2022 : La revanche du Titanic et le triomphe de l’inertie dont voi­ci un extrait :
« Les par­tis poli­tiques qui col­la­borent acti­ve­ment ou pas­si­ve­ment à main­te­nir le sys­tème en place sont ceux qui ont dépas­sé 10 % des votants aux der­nières élec­tions légis­la­tives, ce qui ne veut pas dire qu’ils sont légi­times étant don­né que plus de la moi­tié des Français ne se sont pas dépla­cés pour voter.
Les Français avaient été déjà bien for­ma­tés, anes­thé­siés, pour les Présidentielles, qui avaient vu se ren­con­trer, lors d’un débat sopo­ri­fique, Macron et Le Pen, cette der­nière ayant soi­gneu­se­ment évi­té d’émettre la moindre cri­tique envers son inter­lo­cu­teur (on ne dira pas son « adver­saire ») comme si un accord avait été pas­sé préa­la­ble­ment entre eux. »

Dans mon article du 22 février 2024, Traditionalistes contre glo­ba­listes : le grand cham­bar­de­ment, je mets en garde les Français contre la dérive trans­hu­ma­niste qui séduit les gens du RN :
« Cet engoue­ment du RN pour le trans­hu­ma­nisme ne date pas d’hier. Déjà, en 2020, le jour­nal L’Opinion s’en fai­sait l’écho sous le titre : Laurent Alexandre, le doc­teur qui phos­phore avec la droite radi­cale : “Son allure sage, che­mise à rayures et lunettes invi­sibles, est trom­peuse : Laurent Alexandre est le show­man qui parle de repous­ser les limites de la mort. Marine Le Pen l’écoute. Elle a invi­té l’ancien chi­rur­gien-uro­logue à sa ren­trée poli­tique à Fréjus, en sep­tembre, quitte à dérou­ter un public mili­tant peu por­té sur le trans­hu­ma­nisme. Qu’importe, la patronne du RN sort ravie de l’amphithéâtre : la preuve que son par­ti “réflé­chit” ! Quoi de mieux qu’un futu­ro­logue média­tique pour dépous­sié­rer un mee­ting ron­ron­nant ? “Je les per­turbe”, rigole l’intéressé auprès de L’Opinion. Un article du Monde du 10 février 2023 relate que Jordan Bardella a été for­te­ment impres­sion­né par le livre Homo deus, une brève his­toire du futur de Yuval Harari, le prin­ci­pal théo­ri­cien des sectes mon­dia­listes et trans­hu­ma­nistes. »

Le 11 juin 2024, dans son article : Élections euro­péennes 2024 : quel est le scé­na­rio de l’oligarchie ? Georges Gourdin écri­vait ceci :
« Ce qui compte, ce n’est pas tant le « score » obte­nu pour telle ou telle liste, puisque ce score est éta­bli à l’avance. Ce qui compte, c’est de se pen­cher sur les rai­sons pro­fondes de ce scé­na­rio minu­tieu­se­ment concoc­té. Si la liste Rassemblement National de Jordan Bardella écrase celle de Renaissance d’Emmanuel Macron, il faut bien se dire que cela ne pour­rait se faire sans l’assentiment de l’oligarchie qui contrôle les ins­ti­tuts de son­dage, les médias et les méca­nismes de décompte des voix. »

Dans son article du 21 octobre 2024, Georges Gourdin, sous le titre : Bardella insulte les Français, écrit ceci :
« De nom­breux patriotes se sentent orphe­lins depuis que le Rassemblement National s’est ral­lié à Macron dans son sou­tien incon­gru à Volodymyr Zelinsky. Nous avons évo­qué plu­sieurs fois ce sujet dans nos colonnes. Au point de nous deman­der ce qui sépare vrai­ment le RN de la macro­nie puisque le RN est d’accord sur tout ce que pro­pose Emmanuel Macron. »

Nous allons arrê­ter là cette lita­nie sans fin (nous pour­rions citer encore des dizaines d’articles) qui démontre, à l’évidence, que le RN, depuis le début, n’est là que pour ser­vir les inté­rêts de Macron et le sau­ver de la noyade s’il le faut. Quels accords ont conclus le RN et Macron ? Nous le sau­rons un jour qui peut n’être pas si loin­tain.
Des gens de petits cal­culs bien sor­dides, médiocres pan­tins sans la moindre ambi­tion pour l’avenir de notre pays, pauvre esquif bal­lo­té à tous les vents, tiennent le devant de la scène sim­ple­ment pour faire per­du­rer un sta­tut de petit notable qui leur avait échu par miracle.

Pendant ce temps, on entend le gron­de­ment d’un trem­ble­ment de terre qui s’amplifie et qui va bou­le­ver­ser la pla­nète, une révo­lu­tion que per­sonne n’attendait et qui va se faire sans eux, et tant mieux, mais aus­si sans nous, pauvres Européens contraints, au fil des années et des renon­ce­ments, à quit­ter ce grand théâtre qui a vu se dérou­ler les pages les plus glo­rieuses de l’Humanité, sauf si un der­nier sur­saut sal­va­teur réveillait enfin nos com­pa­triotes anes­thé­siés depuis de si longues années.

Pierre-Émile Blairon

NDLR : notre illus­tra­tion à la une, Richard Ferrand, Marine Le Pen, Emmanuel Macron, copie d’é­cran site Qactus.
Il s’a­git très vrai­sem­bla­ble­ment d’un photo-montage.

France Info du 2 mars 2022

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@divizio.officiel

On dis­cute de com­ment se débar­ras­ser des enne­mis de la démo­cra­tie et on com­mence par le @RNational_off

♬ son ori­gi­nal – Fabrice Di Vizio
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Godillot : c’est le nom d’une grosse chaus­sure, déri­vé en « godasse ». Alexis Godillot était, au 19e siècle, un fabri­cant de sou­liers de marche qui four­nis­sait l’armée.

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Affaire Morelle : le cireur de chaus­sures assure avoir été « pié­gé » par Mediapart [source Le Point du 22 avril 2014], mais aus­si :
Les bot­tines de Roland Dumas [source Le Point du 14 mars 1998]

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Pierre-Émile Blairon est l’auteur d’un cer­tain nombre de livres liés à l’Histoire, notam­ment de la Provence, de Nostradamus à Giono et à la fin du Cycle :

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Pierre-Émile Blairon

3 Commentaires 

  1. Florian a rai­son depuis le début!!!

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  2. Primo : abs­ten­tion ne veut pas dire adhé­sion
    Secundo : Ferrand afin d’éviter bien pire, la stra­té­gie est excel­lente
    Enfin votre pho­to sans doute tru­quée et vos com­men­taires hai­neux et sec­taires , on peut s’en passer …

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  3. J’espère qu’elle va aller en pri­son cette sale lèche-cul ! De toutes les façons je ne vote­rai plus pour cette bande de lâches. J’ai tout le temps voté pour le FN et le RN depuis 1980.
    Il y en a un autre qui — j’es­père – ira en pri­son bien que ce qu’on lui reproche soit injuste : c’est ce fumier de Ménard qui avait dit que les non vac­ci­nés étaient des gens dan­ge­reux et punis­sables et qui a dit qu’il trou­ve­rait nor­mal que la jeu­nesse fran­çaise aille mou­rir pour l’Ukraine.
    Philippot a un nou­vel adhèrent.

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