Chez ces gens-là, Monsieur, on ne s’excuse pas !
Dimanche dernier, dans l’émission du Grand jury d’RTL, Arnaud Montebourg nous a fait la grosse « boulette » en déclarant vouloir « taper au portefeuille » les étrangers travaillant en France et qui envoient de l’argent dans leur pays d’origine. Depuis, toute la gauche lui tombe dessus et ses amis le lâchent. La fameuse « remontada », son slogan de campagne, a tourné subitement à la « dégringolada ». Il lui fallait donc désamorcer très vite cette bombe.
Mais faut vous dire, Monsieur, que chez ces gens-là, on ne s’excuse pas, Monsieur, on ne s’excuse pas ! On biaise, on contourne, on tergiverse, on entortille, on floue, on fait accroire, on se dit victime d’incompréhension mais jamais, au grand jamais, on ne se fourvoie, se trompe ou mystifie.
Interrogé à propos de cette déclaration, sur le plateau de LCP, notre ami Montebourg n’a pas dérogé à cette détestable habitude.
À la question d’Élizabeth Martichoux,
« Avez-vous fait une boulette ? », notre apiculteur ambitionnant de gouverner la France, commence solennellement ainsi :
« Écoutez ! »…
Déjà, quand nos politiciens entament par cette formule, on sent l’embrouille. On va être servi :
« Moi aussi j’ai des origines dans l’immigration, comme beaucoup de Français d’ailleurs, et… heu… j’ai compris que je m’étais mal exprimé… et, au sens où je ne me suis pas laissé prendre… ».
Clairement, ça pédale dans la semoule. Où est le rapport entre ses origine et la débilité de ses déclarations ou sa qualité d’expression ? Mais ce n’est pas fini. Quand on lui demande s’il a fait une erreur, il répond :
« Je pense que… Je ne dirais pas une erreur… Je dirais que… heu… c’est une incompréhension. » Incompréhension de sa part ou de celle de ses interlocuteurs ? Magie de la sémantique…
Arnaud Montebourg, comme tous les politiciens, ne commet donc pas d’erreur
Et Emmanuel Macron, du haut de sa hautaine majesté, en commet encore moins que les autres. On se souvient du fiasco de son application « Stop Covid » qui nous avait valu cette perle du genre :
« Alors ! [variante de « écoutez »]… C’est… Je ne prendrai pas ce chiffre pour dire que c’est un échec : ça n’a pas marché ! ». C’est bien connu, quand quelque chose ne fonctionne pas, ce n’est pas un échec : le naufrage du Titanic, ce n’est pas un échec, l’explosion de Challenger (sept astronautes tués), ce n’est pas un échec… L’exemple venant de haut, les ministres pratiquent aussi allègrement les formules de style pour se disculper.
Florence Parly, ministre des Armées, nous expliquait, en mars 2020, à propos des 18 militaires de la base Creil (Oise) partis à Wuhan pour rapatrier des Français : « Ils ont été testés : ils n’étaient pas porteurs du virus ». Un mensonge éhonté ! Quelques mois plus tard, auditionnée devant le Sénat, elle rétro-pédalait ainsi : « J’ai dit quelque chose d’inexact, le 4 mars, à France 2 : c’était un raccourci ». Merveilleux ! Chez ces gens-là, Monsieur, on ne dit pas de contre-vérités, on fait des « raccourcis » ! Allez dire ça à votre employeur, vous, quand vous vous « plantez » !
On aurait tort, cependant, de généraliser, il y en a qui admettent ouvertement leurs erreurs. Si, si ! C’est le cas, par exemple, de Gilles Le Gendre, un modèle du genre : « J’ai commis deux erreurs : c’est le fait d’avoir été, probablement, trop intelligent, trop subtil, trop technique dans les mesures de pouvoir d’achat… » Pour celui-là, les erreurs admises sont simplement celles d’avoir une intelligence supérieure, forcément incomprise du petit peuple inculte. On est dans l’inversion totale de la responsabilité : si vous croyez que je dis des balivernes voire des mensonges, c’est de votre faute, parce que vous êtes incapables de comprendre mon propos.
La palme pourrait revenir à François de Rugy, l’amateur de homards et autres mets de luxe… à la santé du contribuable. Pris la main dans le sac, il ne s’excuse pas pour autant. Au contraire, frondeur, il déclare sans vergogne, certificat médical en bandoulière : « Je n’en mange pas. J’ai une aller… J’ai une intolérance… heu, heu… aux crustacés et aux fruits de mer. Alors, vous voyez !… Je déteste le caviar. Le champagne, ça me donne mal à la tête. Donc je n’en prends pas… ». Pauvre chéri, on serait presque tenté de le plaindre : tant d’affliction écrasant un seul être ! La victimisation, est aussi une technique très prisée de nos politiciens pris en défaut.
Jacques Brel aurait pu s’en inspirer pour une chanson à succès. Au lieu de décrire la famille de Frida, avec ses défauts et ses vices, il aurait pu dépeindre nos politiciens véreux et arriver à un dénouement analogue. Quand son histoire d’amour avec Frida est malheureuse parce que « ces gens-là » ne la veulent pas, l’histoire d’amour censée lier le peuple français à ses édiles s’avère tout aussi désastreuse. La faute à ces gens-là, bien sûr, qui font tant pour qu’elle n’existe pas.
Mais il est tard, Monsieur, il faut que je rentre chez moi.
Charles ANDRÉ
« L’important n’est pas de convaincre mais de donner à réfléchir. »
Et comme ils ne comprennent vraiment pas … ils lancent une consultation pour comprendre les raisons de l’abstention !
https://www.francetvinfo.fr/elections/municipales/l‑assemblee-nationale-lance-une-consultation-citoyenne-en-ligne-pour-comprendre-les-raisons-de-l-abstention-aux-elections_4791291.html
Excellent !
J’ai été amusé et attristé à la fois. Ces gens là sont un fléau pour notre démocratie. Mais il ne faudra pas compter sur eux pour changer le système. La 6e République n’est pas pour demain !
mais la 6e dose oui :o(